Au fil des âges… (1993 – 1999)
Dans la case description pour ce blog, j’ai choisi d’écrire : « Un blog qui parle de jeu, et de moi ». Cette semaine, je vais insister un peu plus sur le « moi ». Ça fait quelques temps que le sujet me trotte dans la tête, et que je me livre à ce petit exercice de pensée : établir mon historique de joueur. Retenir les titres qui m’ont le plus marqué, année par année ou période par période, en essayant de comprendre ce qui m’a attiré à l’époque. A l’écriture, je me rends compte qu’il est indéniable que le jeu a occupé, une très grande place dans ma vie, et dans ma construction personnelle. Tellement que, vous commencez à en avoir l’habitude, je vais devoir séparer l’article en au moins deux, voire trois parties, qui cette fois ne seront sans doute pas consécutives. Les dates sont approximatives, mais elles m’ont aidé pour reconstituer cet historique. Et dernière petite précision utile avant de commencer : il ne s’agit nullement d’un top des jeux auxquels j’ai joué, mais de ceux qui ont façonné mon imaginaire, m’ont influencé, ou ont changé ma perception du jeu, voire des choses. En espérant que ce ne soit pas trop barbant pour vous à la lecture, mais en tout cas à l’écriture, c’était plutôt plaisant !
1993 – Jurassic Park et Mickey Mouse – Adaptation
Probablement ma toute première expérience vidéoludique, sur Game Boy. Ce fut aussi mon premier contact avec le transmédia et les produits dérivés. Jurassic Park venait de sortir un peu plus tôt, et on en parlait partout. Mes parents m’avaient emmené le voir au cinéma, le cornet à pop-corn que j’avais mangé était à l’effigie du film, tout comme le happy meal du Mc Donald que j’avais eu dans la soirée (avec un magnifique T-Rex en plastique). À l’instar de beaucoup d’enfants de cette génération, j’ai eu ma période dinosaure dans ces années-là. Quelle ne fut pas ma joie quand quelques mois plus tard, à l’occasion d’un anniversaire (ou d’un noël ?) je reçu ma première console : une Game Boy, avec Jurassic Park, et Mickey Mouse. Pouvoir jouer avec les héros du film, ou avec des personnages de dessins animés, cela tenait du rêve. Une prolongation interactive de l’expérience vidéo. Ayant été habitué à jouer avec de simples figurines, le changement était grand. Ça m’a aussi fait prendre conscience très jeune, des limites de ce média : j’avais beau contrôler le personnage, je n’étais pas libre de faire ce que je voulais avec. Ces deux jeux furent les premiers d’une longue série d’adaptation diverses et variées que j’ai pu avoir entre les mains au fil des années.
1994/1995 – Le Manoir de Mortevieille et Defender of the Crown – Narration
J’ai déjà mentionné le premier dans mon tout premier article, et le second est un titre bien connu. C’était les années ou je venais d’avoir un vieil Atari ST, et ce sont les deux titres sur lesquels j’ai passé le plus de temps. Tellement de temps d’ailleurs que j’avais fini par endommager les disquettes (ou l’Atari) puisque après quelques années de bons et loyaux services, il m’était devenu impossible de lancer Defender of the Crown. J’ai déjà longuement parlé du Manoir de Mortevieille, je ne vais pas trop m’attarder dessus, en revanche il ne me semble pas avoir déjà mentionné Defender of the Crown. Que d’heures passées sur ce jeu… A l’inverse du Manoir, ou l’on ne faisait que suivre une histoire déjà écrite, ici on était libre. Sorte de Risk aux phases de gameplay multiples (joute, duel, siège…), le jeu ne dispose d’absolument aucun scénario, uniquement d’un cadre dans lequel on était plus ou moins libre de faire ce qu’on voulait, libre de vivre l’aventure comme bon nous semble. Mortevieille et DotC, deux manières radicalement différentes de vivre des histoires, mais qui ont chacune beaucoup titillé mon imaginaire d’alors. Détail amusant dont je ne me rends compte que maintenant, il s’agissait aussi de retro-gaming avant l’heure, puisqu’à quelques mois à peine de la sortie de la Playstation 1, je me retrouvais à jouer sur un Atari ST qui avait mon âge (ce dernier ayant lui aussi vu le jour en 87 !).
Mickey Mouse à gauche, Jurassic Park à droite. Je n’ai fini aucun des deux malgré les nombreuses heures dessus.
1994/1995 – Bomberman et Battletoads in Battlemaniac – Multijoueur
Mis à part quelques rares exceptions le jeu vidéo pour moi jusque-là, c’était surtout du solo. C’est à dire trois potes qui regardent l’écran, et un qui joue, avec ce que ça implique de passage de manettes. Ça a pas mal changé au contact d’un ami d’alors, qui avait une Super Nes, et un adaptateur pour brancher jusqu’à quatre manettes. J’aurai pu nommer Mario Kart, mais j’ai choisi Bomberman, parce que c’était ce qu’on préférait faire alors. Quatre gamins, chacun une manette en main, jouant en gueulant à la moindre explosion de bombe. Qui a dit que le jeu vidéo était un loisir solitaire et peu convivial ? C’est à ce moment-là que j’ai découvert que le multijoueur, bin c’était fun. On parle d’une époque où on abandonnait régulièrement la console pour aller faire un foot dehors, parce que tout le monde ne s’amusait pas. Les tournois de Bomberman, Street Fighter et Mario Kart furent une véritable petite révolution pour moi. Pour Battletoads, le cas est légèrement différent. Beat’em All aujourd’hui légendaire pour sa difficulté, le multi était ici coopératif. Être deux et avoir un objectif commun, s’aider pour arriver à vaincre un jeu qui, même si il était Nintendo, était quand même plus fort que nous. Ça a aiguisé mon goût pour le challenge et la coopération au moins autant que les sports collectifs que j’ai pu pratiquer à l’époque. Un jeu qu’on n’a jamais réussi à finir d’ailleurs (le niveau des serpents… du sadisme à l’état pur).
1996/1997 – Heroes of Might and Magic II et Sim City 2000 – Des jeux à construire
Deux très bonnes années. Les playstations et les premiers ordinateurs commençaient à arriver dans les foyers de mes amis d’alors. J’ai eu droit à une PS 1 avec Tekken 2, Sampras Extreme Tennis et NBA Jam Extreme (oui, j’aimais – et je pratiquais – encore beaucoup de sport à l’époque !). Autour de moi il y avait Ridge Racer, Adidas Power Soccer, Sim City 2000 et Crash Bandicoot (avec quelques autres titres dont je ne me souviens absolument plus). De tous ces jeux, malgré la claque visuelle – notre premier contact avec de la 3D -, c’est Sim City 2000 a le plus retenu mon attention. Je suis loin d’y avoir passé autant de temps que j’aurais voulu, mais ce city builder m’avait véritablement scotché. C’était une période où je jouais encore beaucoup aux Lego, en ayant eu des quantités industrielles à la maison. Sim City, c’est ce qui pour moi y ressemblait le plus en terme de jeu vidéo. Je pouvais construire ce que je voulais, façonner un paysage… un véritable bonheur qui demandait alors une carte mémoire dédiée pour les sauvegardes. C’est le même type de plaisir que j’ai retrouvé dans l’éditeur de maps de Heroes of Might and Magic 2. Je n’avais pas encore le jeu chez moi (puisque pas de PC), mais j’y ai passé des heures incalculables à jouer en multi sur des cartes qu’on avait passé des jours à peaufiner. Reproduire ma ville sur Sim City ou la carte de Zelda sur Heroes 2, ça m’a quand même bouffé un sacré paquet de temps, et c’est un exercice auquel je me livrais avec plaisir. Avec le recul, je me demande comment ça a pu autant m’occuper, parce que c’est un exercice avec lequel j’ai beaucoup plus de mal maintenant.
Super Bomberman, 4 manettes, 3 potes, et des heures de fun. Normalement je jouais le bleu moi !
1997 – Suikoden – L’anglais
J’avais 10 ans en 1997, et c’est à cet âge-là que j’ai commencé à véritablement apprendre l’anglais. Jusque-là, la plupart des jeux auxquels on avait joué avaient bénéficié d’une traduction (souvent approximative), ou disposaient de trop peu de texte pour qu’on s’en soucie. Ça a changé avec Suikoden, mon premier RPG. Découvert grâce à une démo, dans un jeu du même éditeur (Vandal Hearts, pour les curieux) que mon B.F.F de l’époque m’avait généreusement donné, ce jeu m’a passionné. Des graphismes en 2D très soignés, une bande son enchanteresse, un character design qui pète et des bruits de canards lorsqu’on appuie sur un bouton qu’il ne fallait pas. Mon premier contact avec un J-RPG m’a plutôt surpris. J’avais envie d’y jouer, mais le problème était que le jeu n’avait eu le droit qu’à une traduction en anglais. J’ai fini par prendre mon courage à deux mains, et en avançant à tâtons, aidé d’un dictionnaire et de mes connaissances primitives (« start », « fight », « win »,…) je me suis lancé dans l’aventure quand même. Je vous laisse imaginer la difficulté de se frotter à une langue étrangère pour un gamin dont les devoirs consistaient en l’apprentissage de la table de 8. J’y ai passé sans doute plusieurs mois, en comprenant vaguement l’histoire (qui en plus traitait d’intrigues politiques, de trahisons familiales, et d’autres sujets bien simples) et en passant totalement à côté du système de jeu. J’ai réussi à finir le jeu sans jamais avoir changé d’équipement sur mes personnages, parce que je n’avais pas trouvé comment faire. Malgré cette première expérience plutôt laborieuse avec la langue de Shakespeare, c’est à partir de ce moment que j’ai commencé à consommer de l’anglais en très grosse quantité, notamment via la lecture de suppléments de Dungeon and Dragons en VO. Idéal pour se constituer un vocabulaire fort utile pour le collège : « Sword », « Blacksmith », « Appraise », « Beheaded », « To Hit Armor Class 0 », …
1998/1999 – Baldur’s Gate et Might and Magic 6 – Le coup de foudre RPG
C’est arrivé un peu plus tôt chez certains potes, mais pour moi c’est lors d’un noël 1998 que j’ai eu un véritable PC à la maison. Un HP avec un processeur cadencé à 166Mhz, 32Mo de ram, 2go de disque dur et une véritable carte graphique dédiée. Je vous promets que pour l’époque, c’était plus que correct ! Je commençais à être familier avec ce type de bécane, puisque j’y passais déjà pas mal de temps sur celui de mes potes. Notamment sur un certain Might and Magic 6, qui nous scotchait depuis quelques mois. A quelques exceptions, Suikoden avait été pour nous le premier RPG (Zelda et Mystic Quest quelques années avant sur Super Nes et Game Boy, mais c’était tout), et le genre commençait à nous plaire. C’est donc tout naturellement que l’on s’est dirigé vers un titre qui à la fois utilisait l’univers d’un jeu qu’on adorait (Heroes 2), et en plus était un véritable jeu de rôle. Se perdre dans un univers immense, aller de découverte en découverte, après la claque Suikoden, on en redemandait. Avec ce noël 98, le début de l’année suivante a été marquée par un achat de mon premier jeu PC neuf : Baldur’s Gate. Plusieurs CD, dans une grosse boite en carton, avec un livret massif. Le tout dans un univers que j’avais commencé à effleurer via quelques lectures Fleuve Noir, et un supplément de AD&D en anglais récupéré chez un collègue de ma mère. C’est à ce moment-là que j’ai véritablement pris conscience de ce qui m’attirait tant dans ce type de jeu : un univers à part, un gameplay bien ficelé, un scénario travaillé et une bonne liberté d’action. Un coup de foudre avec le RPG qui n’a jamais vraiment faibli depuis, et qui se poursuit toujours aujourd’hui, non seulement sur PC, mais aussi sur papier.
Ce genre de phrases ça à l’air simple comme ça, mais quand on galère déjà à multiplier 7 par 8…
La suite au prochain épisode !
Ortie
PS : Il est possible qu’il n’y ai pas d’article la semaine prochaine !