Must play
Qu’est-ce qui se cache derrière ce terme de « must play » ? En fait c’est un exercice de style auquel je me livre parfois. Déterminer une liste de jeux qui seraient à la fois de parfaits représentants de leur genre, tout en étant suffisamment modernes pour être toujours agréables à parcourir. Le but étant d’éviter de retomber dans la nostalgie à outrance et l’antiquité du jeu vidéo. L’exercice n’est pas si facile qu’il n’y paraît, surtout lorsqu’on essaye de s’imposer un minimum d’objectivité. Vous trouverez donc dans cette liste 5 titres issus d’une ère pas si lointaine, qui ont tous soit apporté quelque chose au jeu vidéo, soit font partie des meilleurs représentants de leur catégorie. La quasi-totalité de ces titres est tout à fait trouvable dans le commerce (dématérialisé), dans des éditions remasterisées, ou des compilations. Dans le pire des cas… bin débrouillez-vous, en sachant que l’émulation peut rester une solution.
Bref, si vous souhaitez affiner votre culture vidéo-ludique, je ne peux que vous encourager à au moins essayer de vous renseigner un peu plus sur ces quelques jeux. Mais globalement, dans le scénario hypothétique ou je me retrouverai sur une île déserte avec une cargaison de jeux de mon choix, il y a fort à parier qu’ils seraient presque tous issus de cette liste.
Disclaimer : la liste ne suit aucun autre ordre précis, n’y voyez pas un quelconque classement.
Super Mario 64 – 3D Plateformer
Il fallait bien que je commence par quelque chose, et ce sera par celui-là. Pourquoi Mario 64 plutôt qu’une itération plus ancienne ? Parce que c’est le premier de la série à avoir proposé un réel gameplay en 3D. Et c’est surtout l’un des premiers jeux à avoir été suffisamment convaincant dans ce domaine. Mario, c’est sympa, mais concrètement des jeux de plateforme en 2D période 8 et 16 bits, c’était juste le genre dominant. Par conséquent, on en trouvait un paquet, de qualité variable. Le passage à la 3D est arrivé tardivement, bien plus que dans d’autres genres. On a eu quelques tentatives avec une simili 3D au début de l’ère 32 bits via des titres genre Pandemonium, mais il s’agissait surtout d’un gameplay en 2D dans des environnements polygonés. Mario 64 a totalement changé la donne, et il fut le premier à oser le faire. Aujourd’hui, ça peut paraître normal, mais croyez-moi, l’utilisation de la 3D pour ce type de jeu faisait beaucoup de sceptiques : le joueur allait être perdu, cela va générer trop de problèmes de camera… Que nenni ! Le résultat est un jeu au level design intelligent, des niveaux semi-ouverts exploitant pleinement les 3 dimensions et une caméra… suffisamment passable pour s’y retrouver. On peut arguer que Mario est le père des plateformer 2D (chose avec laquelle je ne suis pas forcement d’accord), mais il est incontestable que cet épisode sur Nintendo 64 à ouvert de nouvelles perspectives sur l’utilisation de la 3D dans des jeux d’aventure/action/plateforme/whatever. Et rien que pour ça, il mérite sa place dans cette liste d’incontournables.
Planescape Torment – cRPG
cRPG pour « computer RPG » un sous genre qu’une poignée d’élitistes utilise pour vous faire croire qu’on fait pas mieux que sur PC. Les RPG sur PC, ça remonte à fort longtemps (Dungeon Campaign, en 1978, la première vague de rogue-like sur ordinateur), pourquoi alors parler d’un titre du début des années 2000, et surtout pourquoi ne pas parler de Baldur’s Gate ou encore de Fallout ? Pour la première partie de la question, il s’agit simplement encore une fois d’essayer de parler d’un titre un tantinet moderne. Sincèrement, à moins d’avoir vécu cette époque, ou d’être un gros con d’hipster vidéo-ludique, je vois mal comment on peut jouer à des RPG des années 80, voir même début 90 pour autre chose que par curiosité. Oui, sans eux on aurait pas eu ce qui a suivi, blablabla, mais concrètement, y jouer maintenant : c’est chiant. Pourquoi Planescape Torment plutôt que Baldur’s Gate ? En mon âme et conscience, je préfère Baldur’s, mais BG est une saga presque trop immense. Planescape Torment est un jeu un poil plus intimiste, utilisant toujours le système de jeu D&D (Advanced, si ma mémoire est bonne), et se passant toujours dans le même gigantesque multivers. On y retrouve la même recette que tous les titres Black Isle de l’époque : une pléthore de PNJ avec qui discuter, un univers de taille honorable, un système de jeu bien rodé et une pause active. Le tout dans une ambiance étrange au possible, l’univers de Planescape étant… particulier. Concrètement, tous les softs du studio de cette période sont recommandables, mais Planescape est sans doute le plus singulier. Ce type de gameplay (vu de dessus, système de pause…) a tellement bien marché que c’est désormais un standard – et bien souvent un gage de qualité – dans le genre. On a même droit à quelques titres récents forts sympathiques qui suivaient le même modèle : Drakensang, Dragon Age et le tout nouveau Divinity Original Sin. Le genre a le vent en poupe, et on ne compte plus les remakes HD, les adaptations sur support mobile ou encore les suites spirituelles qui semblent fleurir sur Kickstarter (surveillez bien Pillars of Eternity et Numenera : Tides of Torment). Avec la tendance récente qui était de tendre au maximum vers un gameplay typé action et qui a produit des titres forts sympathiques au demeurant, retrouver un type de jeu un brin plus posé, moi, ça me fait du bien.
Morte, votre premier compagnon. Oui, c’est bien un crâne volant. Et c’est loin d’être le truc le plus bizarre que vous croiserez.
Grandia – jRPG
Grandia, combien d’heures j’ai pu passer sur ce titre ? Je me suis déjà longuement épanché sur ce jeu lors d’un précédent billet. Du coup je ne vais pas m’attarder ici sur ses nombreuses qualités, mais plutôt sur les raisons qui me poussent à choisir ce jeu au lieu d’un autre. Pour faire très simple, Grandia est pour moi la quintessence même du jRPG moderne. Entendons-nous bien, le genre n’est pas nouveau, et il y a eu moult softs de qualité avant l’ère Playstation. Néanmoins, la puissance de cette dernière a permis quelques fantaisies qui étaient jusque-là impossibles. Le support CD offrant un espace bien supérieur aux cartouches jusque-là disponibles, on peut du coup se retrouver avec des voix digitalisés, des sons plus nombreux, quelques cinématiques et séquences animées, de la pseudo 3D et surtout des jeux plus denses, avec un paquet d’activités annexes. La séquence du mur du bout du monde ainsi que le système de combat auraient à eux seuls bien peinés à rentrer sur les 6Mo d’une cartouche Super Nes. La saga Final Fantasy est d’ailleurs un très bon exemple de ces fameuses « activités annexes » à effectuer, elles sont tellement nombreuses qu’un bon paquet de joueurs s’est arrêté à celles-ci plutôt que de finir le jeu. Mais malgré cela, et sans doute grâce (à cause ? C’est suivant) du caractère plutôt occidentalisé de la série, en dépit de ses qualités évidentes… quand j’ai envie de jouer à un RPG japonisant, c’est toujours à Grandia que je rejoue.
World of Goo – Indie game
Oui, c’est tout à fait volontairement que j’utilise la dénomination de jeu indépendant plutôt que de puzzle game pour ce titre. C’est cette caractéristique même qui en fait un jeu fort important dans cette liste. Plusieurs autres titres de la même génération y mériteraient une place, mais c’est celui-ci que je retiens. Outre le fait de proposer un gameplay tout simplement génial, un univers complètement barré et une bande son magistrale, il fut l’un des tout premiers jeu indépendant à obtenir un succès critique planétaire. Si c’est aussi « hype » aujourd’hui, c’est parce que des titres comme World of Goo et Braid ont réussi à montrer que développer un jeu indépendant de qualité est tout à fait faisable, mais aussi que cela peut être viable économiquement. Depuis, on a eu droit à une pléthore de titres, et un regain d’intérêt phénoménal pour la scène indie. Cela pousse même certains gros studios à développer des titres façon jeu indépendant, avec des petites équipes et un budget plus humble. Et ça marche bien. Je ne peux que vous encourager à essayer World of Goo non seulement pour son intérêt historique, mais aussi (et surtout) pour ses qualités en tant que jeu, qui en font toujours aujourd’hui l’un de mes titres favori.
World of Goo, dans toute sa splendeur. Des boules qui se collent entre elles, des ballons, et un panneau chelou.
Street Fighter 3 – Baston
Qui ne connaît pas cette tentaculaire licence aux multiples spin-off et aux éditions avec des noms à rallonge. Dans le cœur de beaucoup, c’est une saga mythique. Le premier était un beat them all sans grand intérêt. Le second épisode a posé les bases d’un gameplay désormais emblématique. Les multiples itérations (super, turbo…) ont enrichies le jeu de base via de nouveaux personnages et quelques ajouts d’importance, comme les « super » et autre « air combo ». Il faut bien comprendre qu’il y a trois niveaux de lecture sur un jeu de combat. Le premier, c’est qu’en appuyant sur une combinaison de boutons, il est possible d’effectuer une attaque spéciale. Le second, c’est qu’il est possible de lier entre elles ces combinaisons pour créer une « combo », une série imblocable de coups si on arrive à ouvrir la garde. Le troisième c’est que lancer un light hadoken sur Ryu te donne un advantage on hit de -2, en garde de -4 et que ça a un recovery de 35. En gros, c’est infiniment plus complexe que ça en a l’air au premier abord. Le troisième épisode de la série bénéficie de toutes les nouveautés précédentes des différentes versions du 2, ainsi qu’encore des nouveautés, qui ont été elles-mêmes reprises dans le 4. C’est à mon sens le meilleur épisode de la série, et c’est également probablement le plus technique. Que vous soyez simple néophyte du genre, ou au contraire un joueur aguerri, jouez à ce troisième épisode dans sa version 3rd Strike. Vous ne pouvez que devenir meilleur à ce genre de jeu.
L’une des nouveautés de l’opus en image, le parry. Une pression dans la bonne direction, à la bonne frame, permet d’éviter intégralement les dégâts.
Voilà qui clos ce premier épisode de cette nouvelle sous-rubrique qui devrait probablement se poursuivre, un jour. A la semaine prochaine !
Ortie