Ces choses qui énervent
Cette semaine, j’ai envie de me plaindre. Il paraît que c’est l’une des raisons d’exister d’internet, et je n’avais encore jamais pris le temps de passer tout un article à le faire. On va essayer de corriger ça cette semaine avec une petite compilation des trucs qui m’ont soûlés dans le monde du jeu ces derniers temps. Puissiez-vous y voir un exutoire, ou à défaut, une raison, pour vous aussi, de vous plaindre.
On va commencer par… les hitbox foireuses. Une hitbox, c’est quoi ? Tout simplement une zone d’interaction invisible à l’écran, généralement attachée à un sprite ou un élément 3D qui permet de gérer, entre autres, les collisions. Vous avez déjà joué à un jeu ou vous avez, par exemple, un tir ennemi qui passe sur le dessus de votre personnage sans pour autant que ça le touche ? Ou encore avoir l’impression d’être clairement en dehors d’une zone quelconque et pourtant en subir les effets ? Soit vous êtes de mauvaise foi, soit vous êtes face à un exemple de hitbox foireuse. Je suis un grand adepte de manic shooter, ces jeux arcades ou l’écran est tellement surchargé d’éléments visuels à éviter qu’on en peine à distinguer son propre avatar. Avoir une hitbox claire est d’une importance capitale pour ce type de jeu ou il s’agit d’être d’une précision millimétrée. De manière générale, c’est un aspect à choyer si on veut avoir un jeu un tant soit peu propre. Parce que lorsque c’est mal géré, bin ça énerve vite. Si vous ne voyez toujours pas de quoi je parle, jouez à des titres période 8 ou 16 bits, vous devriez assez vite le constater. Killer Instinct sur Super Nes est le jeu de combat proposant les hitbox les plus absurdes de l’époque. La majeure partie de la difficulté d’un jeu comme Ninja Gaiden provient d’un retour visuel absolument pas clair (des cercles qui sont en réalité rectangulaires, des plateformes qui sont plus petites que représentés à l’écran…). Sur un Megaman ça en devient presque amusant, puisque peu importe la position de votre personnage, son animation, votre zone sensible est en fait un rectangle. Parfois vous avez des morceaux de sprite qui en sortent et qui donc sont totalement insensibles, à l’inverse vous serez régulièrement tué quelques millimètres avant qu’un projectile ne semble vous atteindre. Les jeux modernes n’échappent pas à cet écueil, World of Warcraft est parfois assez fantaisiste sur ce point (souvent pour des raisons de gameplay), idem pour certains skins de personnages de League of Legends qui vont altérer le visuel de certains sorts au point parfois de dénoter avec la hitbox réelle. Bref, c’est affreux. Fort heureusement, c’est quand même beaucoup moins fréquent à notre époque, mais quand même. Si vous comptez un jour développer un jeu vidéo, par pitié, soignez cet aspect, ça peut devenir particulièrement frustrant pour un joueur.
En rouge, une représentation de la partie sensible de Mario et de son environnement. Les plantes carrés, c’est assez troublant !
Un autre beau sujet de tilt pour moi en ce moment, les portages foireux. Nous vivons une époque formidable où la frontière entre console et PC s’étiole de plus en plus. Les « exclusivités » sont de moins en moins nombreuses, et beaucoup de titres autrefois réservés aux consoles de salon (comprendre par ici : des jeux édités par des boites japonaises) sortent désormais sur nos ordinateurs. Le très sympa reboot de Castlevania, le survolté Metal Gear Rising, deux itérations des adaptations forts exhaustives du manga Naruto, la légende Ikaruga, l’étrange Agarest, les piliers du versus fighting que sont Street Fighter et King of Fighter… la liste est relativement longue pour ces quelques dernières années. L’avenir semble radieux pour les fans de jeux asiatiques, puisque de très nombreux éditeurs franchissent le pas et adaptent également leur licence sur PC. Et c’est une bonne chose, puisque ce ne sont pas les quelques très timides (et souvent injouables) sorties qu’on avait dans le passé qui arrivaient à contenter les amateurs du genre. Rappelons tout de même que Final Fantasy VII et VIII ont tous deux eu droit à une sortie PC à leur époque, de même que Metal Gear Solid 1 et 2. On a même eu droit à Grandia 2, et Breath of Fire 4. Ça faisait quand même quelques titres. Le truc c’est que ces portages étaient totalement à chier. Pour en avoir acheté un certain nombre à l’époque, cela revenait à jouer à la loterie. C’était absolument pas optimisé, ça refusait parfois de se lancer, c’était à la limite du jouable. Avec le recul, j’arrive à comprendre. Le clivage entre le monde du jeu console et PC était beaucoup plus présent que maintenant, et le public sans doute moins enclin à acheter ces jeux très typés asiatiques. Désormais c’est entré dans les mœurs, et si ce n’est quelques moqueries qui subsistent – principalement dues au gouffre qui peut exister tant au niveau du gameplay que du storytelling entre des jeux occidentaux et orientaux -, les nerds en tout genre sont globalement heureux de pouvoir profiter d’un nouveau terrain de jeu. Du moins quand ces derniers arrivent à fonctionner correctement. On a certes eu de nombreux progrès en la matière, et la plupart des éditeurs arrivent désormais à proposer le minimum vital : un support du couple clavier/souris et quelques options vidéo comme le changement de résolution. On a même droit à de beaux portages par moments. Le problème c’est qu’on a aussi des cas ou ce « minimum vital », on ne l’a pas. Oui, c’est à toi que je pense Final Fantasy XIII. Et crois-moi, tu n’avais pas besoin de ça pour générer de la polémique. Au vu des prix souvent proposés sur ces titres, je ne m’attends pas à grand-chose de plus qu’un titre simplement jouable, et ça me va. Mais ne pas pouvoir changer ses contrôles ou le volume sonore et se retrouver bloqué en 1280×720 (avec des belles bandes noires), à un moment faut arrêter de déconner, on est en 2014. Ce n’est plus acceptable.
Pour ce cas-là, c’est plutôt gros, mais c’est une accumulation de petits détails dans ce genre qui me hérissent le poil : l’interface absolument pas adapté au clavier/souris de Skyrim qui a été clairement pensée pour consoles, le blocage à 30 FPS de Split/Second qui n’a strictement rien à faire sur PC… Je peux comprendre certaines concessions, notamment avec la démocratisation de la manette en guise de contrôleur sur ordinateur, mais dans ce cas, essayez au moins de proposer un aspect technique propre.
Sur Final Fantasy XIII vous aurez droit de changer d’emplacement le nombre totalement arbitraire de 6 touches (passablement inutiles en plus). Petit point qui fait plaisir, appuyer sur la touche echap (normalement associée à une fermeture de menu ou un retour en arrière dans 99% des jeux) vous fera ici quitter le jeu, sans aucun avertissement.
Pour finir, un mot enfin sur la multiplication des plateformes sociales et/ou de téléchargement sur PC. Comme vous le savez, j’utilise Steam depuis quelques années maintenant, et j’en suis globalement très content. Tous mes jeux sont centralisés au même endroit, je peux les télécharger d’un clic où que je me trouve, c’est génial. Oui, mais… Bon nombre de ces jeux, en plus de proposer l’interface Steam vont vous demander la création d’un compte sur la plateforme de l’éditeur. Or, quand vous commencez à avoir un paquet de titres, c’est très vite bordélique. Dressons un inventaire rapide de mon cas, en plus des désormais classiques Origin (bouh!) et uPlay (supportable), j’ai besoin d’un compte Kalypso Interactive, un compte Square Enix, un compte Rockstar… Et ça c’est uniquement pour les jeux qui sont principalement solo. Dans certains cas c’est juste un enregistrement à faire une seule fois, dans d’autres c’est un logiciel plus ou moins intrusif. C’est réellement gonflant, mais ce n’est pas le pire. Ubisoft a fait le choix de rendre l’intégralité de son catalogue disponible sur Steam, et c’est fort appréciable. Passer par sa plateforme exclusive permet d’avoir accès à quelques promotions différentes, et un aspect social totalement différent. Mais rien ne vous y force, si vous préférez comme moi tout centraliser au même endroit, il n’y a aucun problème, vous pouvez acheter où bon vous semble. Là où ça se corse c’est quand certains éditeurs (hint : EA) choisissent d’imposer la leur. Vous voulez jouer à Mass Effect sur PC ? Bien sûr, par contre il vous faut un compte Origin. C’est chiant, mais ok, admettons. Par contre si vous voulez obtenir les DLC ou bien encore le troisième opus, c’est dommage, mais ils ne sont pas disponibles sur Steam, fallait venir acheter chez EA ! Vous ne pouvez pas imaginer à quel point ça peut me rendre fou. C’est en l’état actuel ce qui me fait refuser de jouer à certains titres que j’aurai volontiers achetés.
Sur ce, à la semaine prochaine !
Ortie