Final Fantasy XIII (PC)
Contrairement à d’habitude, je vais essayer d’expédier l’introduction, parce que je vais avoir un paquet de choses à dire dans cette review. Cette série est toujours à l’heure actuelle l’un de mes péchés mignons. Il s’agit de la série de jeux sur laquelle j’ai probablement passé le plus de temps sur ma playstation. Une saga que j’ai un peu tendance à idéaliser, mais qui est loin d’être dénuée de défauts. L’opus dont il sera question aujourd’hui ne déroge absolument pas à la règle. Oui, il bouleverse un certain nombre de choses et il ne plaira pas à tout le monde, mais malgré tout ce que les critiques et les joueurs ont pu en dire à sa sortie, c’est à mon avis un grand Final Fantasy. Sans plus attendre on va donc commencer cette review, dans laquelle il est fort possible que je le compare avec ses illustres (ou non) prédécesseurs.
Le gameplay
Dans le courant de la semaine dernière j’ai été amené à écrire sur le statement suivant : « Final Fantasy est un jeu de stratégie ». C’est effectivement la raison qui me pousse à jouer à chaque nouvel épisode : le plaisir de découvrir tout un nouveau système de jeu qu’il va me falloir comprendre et casser. Comment marche Final Fantasy XIII ? Il s’agit en fait de plusieurs systèmes qui viennent s’imbriquer les uns dans les autres de manière assez élégante. Tout d’abord un système de rôle assez proche des jobs apparus dans le III. Le commando fait du dégât principalement physique, le ravager du magique, le medic soigne, le saboteur déstabilise l’adversaire… Chaque personnage pouvant progresser de différente manière dans chacun des jobs, ainsi vous pouvez avoir deux saboteurs avec aucune compétence en commun.
Au-dessus de ça, il y a les paradigms qui sont les setups possibles de votre groupe. Ainsi vous avez par exemple le paradigm « diversity » qui comprend un ravager, un commando et un medic. Vous en avez un pour chaque combinaison de rôle possible. Vous pouvez le configurer via le menu d’option classique et en sauvegarder un certain nombre pour une utilisation ultérieure. Mais c’est véritablement au cœur des combats que ce système prend tout son sens, puisqu’il est possible (et nécessaire !) de changer à tout moment de paradigm via la pression d’une simple touche, sans couper l’action le moins du monde. Il n’est pas rare de devoir changer plusieurs fois même contre un simple monstre. Les combats ont gagnés en dynamisme sans perdre en stratégie, et c’est vraiment bluffant. Démarrer à trois combattants, changer pour deux et un soigneur le temps de remonter ses coéquipiers, puis passer à un défenseur et deux soigneurs pour encaisser une attaque spéciale d’un boss… les sensations de jeu sont vraiment grisantes. On ne contrôle certes qu’un seul personnage, qu’on laissera le plus souvent en mode auto (à savoir qu’on a juste à cliquer et qu’il lancera ce qu’il y a de plus adapté à son rôle), ce système de switch à la volée est véritablement ce qui fait le sel de cet épisode et toute sa profondeur. Ce qui vient renforcer cette vitesse et cette sensation d’urgence, c’est aussi le fait que chaque combat peut apporter son lot de danger. En effet, entre chaque rencontre, les points de vie de vos personnages sont de retour au maximum, du coup les combats offrent des turnover assez impressionnants. A ce titre, c’est sans conteste l’épisode le plus mortel de la série.
En plus de ces rôles et paradigms, vous aurez à gérer une jauge d’ATB. Bien connue des fans de la saga, il s’agit ici d’une barre divisée en portions qui se remplit progressivement, chaque action coûtant une ou plusieurs portions et certains pouvoirs pouvant influer sur votre régénération, ou celle de vos ennemis. Et c’est pas fini ! Vous avez également une barre de technical points qui se recharge elle bien plus lentement et qui vous sert à lancer des pouvoirs – qui ne sont eux pas liés aux rôles – comme par exemple vos invocations. Ces dernières agissent d’ailleurs en deux phases : durant la première, elles viennent remplacer vos deux protagonistes secondaires et combattre à vos côtés comme une sorte de super compagnon. Une fois cette phase achevée, on passe en mode Gestalt ou telle un transformer votre invocation va se muer en véhicule (moto, cheval…) dirigé par votre personnage et vous aurez alors tout le loisir de déchaîner un tout nouveau panel d’actions dévastatrices tout en étant invulnérable.
Vous pensiez que c’était la fin ? Si seulement… Vous pourrez en plus de tout cela compter sur le Crystarium pour gérer l’évolution des jobs de chacun de vos personnages, ainsi que sur un système d’amélioration d’objets assez complet. Et pour finir, ne pas oublier de pouvoir stagger vos ennemis. Chaque coup remplissant une jauge (encore une !) qui se videra plus ou moins vite suivant votre rôle et le type de vos attaques. Une fois cette dernière pleine l’ennemi sera généralement à votre merci et subira plus de dégâts. En bref, vous aurez de quoi vous occuper un moment. Le principal problème de tout ça, c’est que l’on obtient ces fonctionnalités atrocement lentement. Vous allez passer vos deux premières heures de jeu avec un seul rôle à uniquement appuyer sur auto battle. Chaque nuance vous étant donnée au compte-goutte. Et c’est atrocement long… Vous n’aurez par exemple accès à la customisation complète de vos rôles qu’au bout de deux douzaines d’heures. Et c’est triste, parce qu’avant ça le jeu peut paraître assez simpliste, alors que c’est tout l’opposé. Pour le reste, FF XIII est un J-RPG classique : dialogues en pagailles et plein de marche à pieds.
Ici vous pouvez apercevoir l’ensemble des rôles possibles, ainsi que le crystarium à un niveau un peu avancé. Chaque cercle sur l’image représentant un mini sphérier à la FF X d’une douzaine d’éléments, différents pour chaque personnage.
La réalisation
Final Fantasy XIII est un jeu console datant de 2009 qui sort en fin 2014 sur PC. Le pire est donc à craindre, mais procédons dans l’ordre. Visuellement le jeu est beau, bien que clairement daté. On a le droit a de (nombreuses) cinématiques utilisant le moteur du jeu pour les dialogues, et de magnifiques CGI pour les moments importants. La transition entre tout ça est tout bonnement impeccable et la mise en scène qui en résulte est très propre. Final Fantasy XIII est très occidentalisé à ce niveau et offre des séquences très hollywoodiennes. On peut cependant relever quelques anomalies au niveau des cheveux des différents protagonistes qui ont tendance à avoir des réactions un peu bizarres au vent, et la modélisation des doigts à l’air de dater des années 2000. Concernant les cinématiques, il est à noter que Square-Enix a choisi de les privilégier pour la quasi-totalité des dialogues du jeu, là ou autrefois on devait se déplacer jusqu’à un PNJ et appuyer sur X. Attendez-vous donc à en manger à foison. Au fond c’est pas vraiment gênant puisque comme je viens de le dire, ces séquences sont très bien intégrées. Cette occidentalisation se ressent jusque dans les menus du jeu qui tranchent assez avec l’austérité des épisodes précédents au profit d’un design plus moderne, plus pop.
La bande son risque elle de diviser, puisqu’il s’agit du premier épisode de la tentaculaire série ou son compositeur historique (Nobuo Uematsu) n’a signé aucun morceau. Ce n’est pas forcément un mal, le nouveau compositeur étant tout aussi doué, mais ça risque d’en déstabiliser quelques-uns, le style étant assez différent. Ainsi on a assez peu de reprises de vieux thèmes connus et des sonorités très électro mêlées à des passages orchestrés, avec quelques morceaux jazzy voir même rock. L’ambiance sonore est donc plutôt posée et très moderne, et c’est quelque chose que j’ai trouvé réellement rafraîchissant. Le doublage est lui très convaincant, aussi bien dans sa version japonaise qu’anglaise (nous avons le droit aux deux sur PC), avec en revanche des petits soucis de lip synch par moment. Rien de bien gênant cela dit.
Là où le bât blesse atrocement c’est sur la qualité du portage. Vous m’avez entendu m’en plaindre il y a quelques semaines, mais laissez-moi vous repeindre le tableau. Tout d’abord le jeu pèse quasiment ses 60Go, en raison d’un encodage des vidéos assez chelou et du fait qu’on télécharge les deux packs de doublage (anglais et japonais). Si vous avez une connexion aléatoire, c’est un réel problème. Une fois la bête sur votre PC, les ennuis ne font que commencer. Le jeu est jouable à peu près correctement au clavier/souris, mais il est impossible de configurer ses touches. Au passage, si pour une raison quelconque vous appuyez sur votre touche echap, ça fermera le jeu sans aucun avertissement préalable. Et la cerise sur le gâteau, c’est bien évidemment l’absence totale de menu de configuration graphique ou sonore, vous obligeant ainsi à jouer en 1280×720 (!). Pour la plupart des gens ça veut dire deux magnifiques bandes noires. Pour couronner le tout, on a fréquemment des baisses de FPS et des indications de touche assez foireuses. On est en fin 2014, et c’est quand même dramatique de sortir un produit si peu adapté à l’ergonomie PC, le tarif auquel il est proposé n’étant pas une excuse. Même en ayant des critères plutôt bas (boite qui sort un jeu clairement console sur une machine qu’elle maîtrise peu, le PC), à ce niveau-là ce n’est ni plus ni moins que du foutage de gueule.
Un screen sans les bandes noires, loin d’être laid mais c’est tout de même daté. La quasi-totalité des environnements que vous croiserez au départ ont toujours des éléments mécaniques glissés dans le décor.
Le setting
Difficile de parler de ça sans gâcher la surprise (sur un jeu qui a certes cinq ans), alors je vais aussi être concis ici. Pour la première fois dans la série on a droit à un univers carrément futuriste, assez loin du retrofuturisme des épisodes passés. Technologie hyper avancée, un monde en pleine ère digitale, tout ça donne un univers hyper coloré très pop. Le monde de Cocoon dans lequel l’intrigue commence est une gigantesque sphère creuse habitée par une très grosse partie de la race humaine, qui flotte au-dessus de Grand Pulse, sorte d’eden sauvage effrayant. L’usage de la technologie est lié à celui de la magie via des entités étranges nommés L’Cie ou Fal’Cie, que je vous laisserai découvrir en jeu. Les Eidolons eux (les invocations de cet opus) sont des sortes d’êtres anthropomorphique mécaniques capables se réassembler pour pouvoir changer de forme (en gros, des transformers). Particularité du titre : ère digitale et forme de la narration – je reviens là-dessus juste après – oblige, on peut noter une absence totale de magasins physiques en jeu. Tout passant par les points de sauvegardes qui servent alors de bornes internet permettant d’accéder à divers boutiques en ligne. Ce détail a fait grincer pas mal de dents, mais il n’est vraiment pas gênant en pratique puisque cohérent avec la narration.
Cette dernière est d’ailleurs assez particulière. Tout d’abord, le jeu est découpé en chapitres qui représentent autant de mini arcs narratifs, ce qui induit une certaine linéarité. Celle-ci est d’ailleurs renforcée par des cartes très couloirs (du moins au début) qui ne vous laissent pas la possibilité de pouvoir revenir en arrière et laissent peu d’espace pour l’exploration. C’est justifié d’un point de vu scénaristique par le fait que vous passerez une très grosse partie du jeu en étant des fugitifs. Rassurez, plus vous avancez, plus vous serez libre. Ensuite, sachez que vous risquez d’être TRES rapidement largué. Pendant plus d’une vingtaine d’heures de jeu vous allez passer d’un personnage à un autre, d’un point de vue à un autre et d’une situation à une autre à de multiples reprises. Vous allez entendre un paquet de noms de personnages, de lieux, de concepts, d’organismes différents qui risquent de vous perdre. Pour couronner le tout, on a régulièrement le droit à des flashbacks de divers protagonistes, ainsi que plusieurs voix offs qui nous font nous poser pas mal de questions. Fort heureusement, pour nous aider avec cette montagne d’informations (et pour coller avec l’ambiance futuriste cyber punkesque), le jeu intègre une sorte d’encyclopédie, de codex, où sont recensées toutes ces informations pour nous permettre de nous y retrouver. Je pense sincèrement qu’il a été pensé avec l’utilisation de cet outil tant il me paraît difficile de faire le lien entre tout sans lui (ou sans prise de notes de notre part). N’hésitez donc pas à en abuser. Il est mis à jour très régulièrement au cours de votre aventure et est à considérer comme un journal de bord. Alors oui, c’est très (trop ?) confus, mais ça permet aussi de créer un certain mystère que chacun appréciera comme il l’entend.
Que serait un Final Fantasy sans un casting de choc ? Sur ce point aussi, celui-là ne déroge pas à la règle avec des personnages forts. Le vieux baroudeur, le soldat implacable, l’idéaliste exalté… autant d’archétypes classiques que l’on retrouve ici mais avec pas mal de nuances. Les personnages féminins sont relativement mis en avant et particulièrement soignés, chose qui est suffisamment rare pour être souligné. Elles le sont tellement qu’elles en éclipsent presque les protagonistes masculins qui paraissent un peu transparents à côté. Le personnage principal (Lightning, la nénette aux cheveux roses de l’image de présentation) est à mon sens le héros le plus soigné de toute la saga. Ça change des émos incompris ou des roublards au grand cœur qu’on nous serre habituellement. A ce titre, le jeu se montre plutôt intelligent en abordant des thématiques relativement matures de façon plutôt fine. Le deuil, le libre arbitre, l’homme face à la machine, la haine, le racisme, l’endoctrinement et bien d’autres sont traités de manière relativement adultes en évitant de sombrer dans un manichéisme primaire. Alors certes, vous aurez par moment droit à de grandes tirades dont seuls les scénaristes japonais ont le secret, mais globalement ça s’apprécie plutôt bien.
Le casting féminin au complet. Moins sexualisé que d’habitude, par contre faut aimer les teintes de cheveux à la con. Plus sérieusement, des personnages fouillés et qui sont bien plus de que de simples faire-valoir.
Voilà ! C’est fini pour ce test qui est probablement le plus long article que je n’ai jamais écrit, mais difficile de faire autrement sur un jeu aussi dense. Pour ceux qui ont eu la flemme de lire et qui se contentent de la conclusion : achetez le jeu, ayez l’impression de vous faire voler en voyant la gueule du premier menu et enfin, appréciez ce Final Fantasy premier cru. Oui c’est linéaire, oui c’est bordélique. Mais on peut aussi voir l’autre côté de la médaille, à savoir que c’est très scénarisé, dense et riche. Bref, jouez-y et voyez par vous-même.
Ortie
PS : pas d’article la semaine prochaine.