Presque 8 ans.
Cette période de l’année est pour moi une période d’anniversaires multiples. Mon hébergeur internet vient de me rappeler très amicalement que cela fait un an que ce site web existe (et que je dois m’acquitter de la somme de 120$ pour l’année à venir), World of Warcraft existe depuis 10 ans, et c’est également l’anniversaire de ma maman. Bref, une période de célébrations. Je vous laisse cependant deviner de quoi je vais parler cette semaine avec l’indice suivant : ma maman n’est pas un orc et n’est pas présente sur l’illustration de présentation. Vous l’aurez compris, cette semaine il sera question de World of Warcraft et de nostalgie. Cette année aura été ma septième sur ce jeu, ce qui, lorsqu’on y réfléchit, est quand même assez dingue. Dans ce billet absolument pas objectif je vais essayer de vous expliquer ce qui a pu tant me séduire sur ce jeu, et pourquoi j’y passe toujours à l’heure actuelle un nombre d’heures totalement indécent.
Petit exercice biographique pour commencer. Parce qu’il faut bien comprendre qu’à la base je n’étais vraiment pas destiné à ce genre de jeux. J’ai eu une connexion internet à domicile relativement tardivement (l’ADSL, en entrant au lycée, sans passer par la case modem 56k) et mon premier véritable jeu en ligne était Neverwinter Nights. Certes j’ai tâté un peu de Counter Strike et j’avais profité un peu d’Everquest premier du nom chez un ami d’enfance, mais rien de transcendant. Pas de T4C, pas de DaoC, pas d’Ultima Online. J’avais d’ailleurs une image du genre particulièrement péjorative. Pour moi le MMORPG n’était qu’une vulgarisation du jeu de rôle faite pour plaire à la plèbe. J’étais un avide pratiquant du jeu de rôle de papier, et je voyais mal comment arriver à proposer une expérience de jeu satisfaisante à des centaines (voire des milliers) de joueurs à la fois. Que j’étais naïf… Je ne vais pas vous refaire un couplet sur Neverwinter Nights, je pense l’avoir fait suffisamment ici, mais il s’agissait avant tout pour moi d’une extension de mon expérience papier, d’une interface différente pour un loisir que j’affectionnais. Lorsque WoW est arrivé sur le marché, j’étais toujours un joueur de NwN. Pas mal de mes confrères ont alors changé de jeu, chose qui me paraissait invraisemblable à l’époque. Je jouais sur un ordinateur vieillissant et la nouveauté m’effrayait un peu. Comment trouver du « roleplay » sur un jeu sur lequel des centaines de milliers de joueurs joueraient en même temps ? J’avais une vision relativement élitiste à l’époque, et je ne me retrouvais pas trop dans ce type de jeu de masse. Du coup, je restais sur Neverwinter Nights et je jonglais sur différents jeux en ligne plus intimistes. Ce n’est qu’en avril 2007 que j’ai fini par succomber. La première extension de World of Warcraft était sorti depuis quelques mois, beaucoup de mes fréquentations d’alors y jouaient et mon anniversaire approchait à grand pas. Le jeu m’a finalement été offert par un ami fort attentionné. Et ce fut le début de la fin.
Un univers gigantesque et inconnu s’offrait à moi. Le nombre de zones de jeu était sidérant (et il était alors bien supérieur à celui de productions actuelles). Le tout était traversable sans souffrir du moindre temps de chargement. La plupart des gens qui idéalisent le World of Warcraft d’avant (l’expérience « vanilla », le jeu sans aucun ajout ni extension) le font par nostalgisme, parce qu’objectivement, le jeu était quand même carrément moins bien qu’il ne l’est à l’heure actuelle. Le jeu était au final peu équilibré, un peu buggé et fort contraignant. Mais c’était nouveau. Et au fond, c’est aussi ça qui m’a séduit à l’époque. Pouvoir passer plusieurs semaines à explorer un univers immense, à le traverser de part en part pour y servir de postier à des aubergistes, à massacrer des centaines de monstres divers et variés, à fabriquer des objets, bref, à y vivre. Et une fois que vous pensez avoir fini votre voyage, vous découvrez que celui-ci ne fait que commencer. La première claque que j’ai pris en jouant fut lors de mon tout premier donjon. Pour faire simple, il s’agit d’une zone spéciale instanciée (accessible uniquement par vous et votre groupe) de taille variable où vous avez face à vous un challenge uniquement faisable en groupe. Certes, je connaissais déjà le principe qui est loin d’être nouveau, mais WoW apportait ici quelque chose auquel je n’étais pas habitué : des scripts. Les ennemis et boss agissaient en suivant des patterns définis à l’avance, ils avaient leurs propres capacités qu’il fallait essayer de comprendre, et surtout ils avaient droit à quelques lignes de dialogues. Ces donjons racontaient une histoire, et ça c’était pas rien. Après avoir passé des heures à chasser des bandits, à traquer leurs chefs dans différentes zones, on finit par découvrir leur QG : une mine désaffectée. Le donjon commence, on y croise des esclaves, des ogres, puis carrément un décor industriel. On récupère de la poudre à canon pour défoncer une porte et là, surprise, derrière cette dernière on découvre une gigantesque caverne donnant sur la mer avec un énorme bateau. On se fraye un chemin dessus, on y croise un capitaine qui s’enfuit avec son coffre au trésor alors qu’on pensait l’avoir tué. C’est alors seulement qu’on affronte le chef de la bande, qui dans son dernier soupir nous confiera un dernier secret… Voilà le tout premier donjon dans lequel j’ai mis les pieds en commençant à jouer, un parmi la douzaine qui devait alors exister. C’est à ce moment-là que je me suis dit que j’étais face à quelque chose d’un peu à part, qu’ici je ne ferais pas une histoire, mais que j’en vivrais une. On peut en effet distinguer deux très grosses catégories de MMORPG : les « sandbox » et les « theme park ». Dans les premiers vous êtes totalement libre de faire ce que bon vous semble, seule votre imagination est la limite. Le second type vous laisse vous amuser dans un gigantesque parc d’attraction avec moult activités flashy, mais où fatalement vous finirez à un moment par refaire les mêmes choses. WoW appartient indubitablement à la seconde catégorie, et à ce moment-là, je venais tout juste de finir le premier manège.
Ça, c’était il y a 10 ans. Et derrière cette porte, il y avait une petite surprise…
Ce n’est que quelques mois après, alors que je commençais à me dire que j’avais fait le tour du jeu que je découvris le concept de raid. J’avais atteint le niveau maximum, je jouais avec un groupe d’amis et quelques-unes de leurs cyber-connaissances, et ces derniers depuis quelques temps s’attaquaient à un lieu du nom de Karazhan. Ici, plus question d’un groupe de cinq joueurs qui s’attaquaient à un donjon qui durait une grosse demi-heure, mais d’un groupe de dix joueurs qui avaient une semaine entière pour venir à bout d’une sorte de mega-donjon. Des environnements variés, gigantesques et un peu labyrinthiques, encore plus de rencontres et encore plus de scripts. Je commençais à toucher du doigt ce que d’autres pratiquaient depuis un bout de temps, et je trouvais ça terriblement addictif. Mais après quelques mois à arpenter les couloirs de Karazhan, le groupe de joueurs avec qui je gravitais se désagrégea, tant et si bien que nous ne fûmes plus que deux à jouer. Et on décida alors de passer à la vitesse supérieure. Pourquoi continuer à jouer par nous-même alors qu’on pouvait rejoindre une structure plus importante qui nous permettait alors de nous lancer dans de longs et difficiles raid… à 25 joueurs cette fois ! Emploi du temps fixe, stratégies à préparer, analyse de nos performances, c’est encore une fois tout un nouveau monde qui s’ouvrait à nous. Et on aimait ça. Alors d’une structure plutôt familiale on fit le choix de passer à une structure plus compétitive. Choix qui s’avéra judicieux puisque cela nous a permis de fréquenter un raid particulièrement retors (Sunwell Plateau, pour les connaisseurs), et de presque en venir à bout. A ce moment-là, moins d’un pourcent de la base de joueurs totale de WoW n’y avait ne serait-ce que mis les pieds. Détail qui nous motiva assez fortement pour continuer l’aventure dans cette guilde. De simple joueur à raid leader, je serais finalement resté pas loin de 3 ans dans cette guilde, y nouant un certain nombre de relations. Mine de rien, lorsqu’on a une vingtaine d’années, c’est quand même une période relativement longue. Depuis, j’y ai joué par intermittence, à la sortie de chaque nouveau contenu. Mais sans obligation, sans chercher à entrer dans la compétition… du moins jusqu’à il y a quelques mois. Poussé par l’un de ces mêmes amis avec qui j’ai commencé à jouer, nous avons cette fois décidé de rejoindre une structure hautement compétitive (ce qui au passage explique la sortie quelque peu erratique de billets sur ce site !). Qu’est-ce que ça implique pour le futur ? Pas grand-chose de plus qu’avant, mon temps de jeu reste sensiblement le même qu’avant en période de rush, il sera juste organisé radicalement différemment. En période creuse, je devrais jouer beaucoup moins qu’avant. Enfin bref, wait and see…
Et ça c’est moi, mort, dans un donjon il y a quelques jours. 10 ans sépare ces deux screenshots, et vous avez l’impression de ne pas regarder le même jeu tant c’est différent. C’est aussi l’une des grandes forces de WoW ça, vous pouvez entièrement customiser votre interface pour la faire ressembler à ce que vous voulez ! Parce que normalement, celle de base est la même qu’avant…
Au fond WoW c’est quoi ? Sans doute le meilleur et le plus accessible jeu de sa catégorie. Comme très souvent quand Blizzard s’attaque à un genre, il fait un amalgame de tout ce qui marche dans la concurrence et le transforme en or. WoW n’échappe pas à la règle, et au fil des années et des extensions le jeu a su changer, évoluer, sans ne jamais réellement renier ses bases : à savoir proposer un jeu addictif, riche et facile d’accès. Je pourrais épiloguer longtemps sur tout ce qui fait la richesse de ce titre : son univers incroyablement dense, son contenu titanesque, son histoire qui s’étale sur des milliers d’années, sa narration ou encore sur la multiplicité des activités proposés. Parce que tout le monde pourra trouver de quoi s’amuser, que ce soit par l’envie de gagner un concours de pêche, de s’occuper d’un lopin de terre, de se mesurer à d’autres joueurs ou simplement y collectionner des petites bestioles. J’ai joué à tout ce que la concurrence a pu produire, que ce soit en titre de qualité ou en free to play bas de gamme et j’ai toujours fini par revenir sur World of Warcraft. Et c’est d’ailleurs ce que je vous recommande de faire, ne serait-ce que pour votre culture vidéo-ludique.
Ortie
PS : désolé pour le lourd retard cette semaine, quelques aléas ont fait que j’avais beaucoup moins de temps de disponible que prévu ! On se retrouve normalement ce week end.